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Arts et littérature

LE VENT, OBJET PLASTIQUE AU MUMA (LE HAVRE)

Presque tous les hôtes du Clos Delamare savent que le vent est un des personnages principaux de la côte d’Albâtre, avec les falaises et la lumière changeante. Le vent, vivifiant, parfois violent (n’a-t-il pas exécuté le plus beau et plus vieux pommier du verger au mois de novembre dernier ?) parfois doux et bienvenu (pendant cet été si chaud !) est le héros d’une magnifique exposition du MuMa (Musée Malraux du Havre).


Le Muma nous a donné l’habitude d’exalter les éléments naturels : après les nuages, les vagues… le vent est à l’honneur jusqu’au 2 octobre. 170 œuvres très éclectiques sont à découvrir pour appréhender les solutions plastiques imaginées par les artistes pour représenter « ce qui ne peut être peint ».

La guide conférencière, souriante et à l’écoute, nous rappelle d’abord que les hommes ont commencé par personnifier le vent : Eole, Borée, Notos, Euros et Zéphyr, le plus connu d’entre tous (On a particulièrement adoré ces hommes aux joues toutes gonflées, cheveux en mouvement). Puis, à partir de la Renaissance, on peint non plus les vents mais leurs effets : arbres tordus, mer déchaînée (allez voir, pour rire, Le Naufrage de Jonas de Paul Brill : la baleine est… étonnante !) et hommes luttant contre la puissance du vent.


De biais et d’obliques


Le maître mot de cette exposition, finalement, est la diagonale. Diagonale des cheveux, du linge qui sèche, des roseaux qui plient, des chapeaux qui volent, des mâts, des voiles, des nuages, des corps… Tout va de travers avec le vent. Ainsi, après cette déambulation parmi tant de biais et d’obliques, on se dit que nous ne vivrons plus tout à fait de la même façon une promenade sur la falaise ou au milieu des champs. Notre œil, plus aiguisé, plus ventilé, sera plus attentif encore aux taquineries ou aux assauts d’Eole ou de ses comparses. La Côte d’albâtre est réputée pour ses paysages toujours changeants : si la lumière est l’actrice principale de ce perpétuel émerveillement, le vent y a sans doute son rôle à jouer.


Les œuvres à ne pas manquer


  • Le photomontage de Gilbert Garcin Sauver la nature : fragilité et grandeur de l’homme qui veut empêcher le roseau de plier… Que de poésie dans cette œuvre !
  • Les planches du peintre Julius Baltazar et de l’écrivain Michel Butor, inspirées des Travailleurs de la mer et des illustrations de Victor Hugo
  • Toutes les estampes japonaises : particulièrement Yokkaichi de Hiroshige et Le coup de vent dans les rizières d'Ejiri du célèbre Hokusai et l’œuvre monumentale qu’il a inspirée à Jeff Wall
  • Le Coup de vent de Félix Vallotton : on hésite, devant cette estampe très expressive et très noire, entre amusement et commisération.
  • Au Havre, on n’échappe pas à Monet et un tableau tiré de sa série des peupliers : Effet de vent, qu’on peut habituellement admirer au musée d’Orsay.
  • Le repas de Bébé, un film des frères Lumière, très moderne et émouvant : il marque un tournant dans la capture du vent grâce à l’image animée.
  • Et la dernière œuvre de l’exposition, une œuvre… dont l’auteur est le vent lui-même ! Je ne vous en dis pas davantage, il faut absolument voir cette exposition !


Le vent. « Cela qui ne peut être peint », du 25 juin au 02 octobre 2022- Musée d’art moderne André-Malraux (MuMa) 2, bd Clemenceau, 76600 Le Havre


Je vous conseille de réserver votre billet, l’événement a beaucoup de succès ! Réserver une visite