Bruneval est un hameau à 2 km de la Clozette et de la Moussette. C’est une des balades préférées des hôtes du Clos Delamare. A pied ou à vélo, découvrez une petite valleuse riche en histoire, entre épisodes tragiques, rêves et renaissances.
Une petite valleuse résiliente
Bruneval a été une valleuse de pêcheurs martyrisée par les éléments : en l’espace d’une centaine d’années, entre le milieu du XVIIIe et le milieu du XIXe, elle a subi trois grandes tempêtes qui ont détruit constructions, petit port, église… et bouleversé sa physionomie par des coulées de boue et l’élargissement d’une trouée.
Mais Bruneval, mutilée et désertée, est encore assez belle pour susciter trois coups de foudre dans la 2nde partie du XIXe siècle. Trois hommes vont contribuer à sa renaissance et sa métamorphose .
Le premier, un Jurassien, tombe amoureux de cette petite valleuse secrète et boisée. Il y construit une grande et belle villa, avec un très beau parc, qu’il faut imaginer aujourd’hui derrière le parking où le visiteur peut garer sa voiture. Il sait jouer de ses relations pour élargir les sentiers et rendre la plage accessible (il fallait auparavant y descendre en corde !).
Un peu plus tard, c’est un pharmacien havrais qui succombe aux sirènes de Bruneval : il y édifie une villa à la place de deux maisons de douaniers. Il s’agit de la grande maison grise qui ressemble un peu à une église, qu’on aperçoit sur la côte de la falaise d’aval (sur votre gauche).
Enfin, c’est un grand bourgois parisien qui rêve pour Bruneval d’un destin étretatais. Il souhaite en effet en faire une rivale d’Etretat et fait construire sur le front de mer le Castel des Kroumirs, qu’il imagine devenir un casino. Il fait aussi bâtir le domaine aujourd’hui dit de Beauminet et, en face, une tour fort curieuse.
Ainsi, en quelques dizaines d’années, Bruneval devient un lieu de villégiature pour ceux qui recherchent le calme, loin de la cohue touristique (déjà ! ) d’Etretat.
Une valleuse stratégique, bouleversée par la guerre et… le pétrole !
Mais la quiétude ne dure pas. Le hameau est occupée par les Allemands pendant la guerre ; ils installent sur les hauteurs, à la Poterie Cap d’Antifer, des radars très performants dont on a déjà parlé dans un précédent article (l’exposition sur l’Opération Biting et le Mur de l’Atlantique). L’opération Biting (Plonger dans l’histoire avec le mémorial de Bruneval), va alors secouer le hameau. Le Castel de Kroumirs et d’autres belles villas vont être détruites.
Pire ! Plus tard, à cause de la construction du port pétrolier d’Antifer, la plage de Bruneval disparaît… tout bonnement ! L’énorme digue d’Antifer (longue de 3,5 km) a chamboulé tous les courants marins : l’eau menaçait de remonter et… de noyer la valleuse ! Il a fallu la protéger. Alors, finie, la belle étendue de sable : à la place, de gros blocs rocheux et un perré. Encore une mutilation pour Bruneval… (mais on lui doit aujourd'hui la tranquillité du lieu 😉)
Maintenant, un lieu de promenade et de découverte pour tous
Cette histoire si riche fait de Bruneval un lieu de promenade idéal depuis le Clos Delamare. On y descend par une route tranquille, où l’on peut découvrir la grotte des ramasseurs de galets. Dans le hameau, par la grâce des notables du XIXe siècle dont on vous a parlé, on tombe sous le charme d’un architecture originale, éclectique, qui ose mêler briques et silex avec toits à la Mansart, style néo-mauresque avec chaume et colombages…
La valleuse est protégée et les jardins y fleurissent plus tôt qu’ailleurs : ainsi, en ce début février, les camélias arborent déjà leurs parures roses et rouges ! Sur le perrey, on peut pique-niquer, se reposer et méditer face à la mer.
Et le mémorial de Bruneval nous plonge en 1942, au cœur de l’opération Biting, une passionnante histoire de guerre, d’espionnage et de résistance.
Enfin, l’on peut remonter par la falaise d’amont, vers Theuville pour rejoindre la Poterie Cap d’Antifer : un chemin herbeux, loin de toute agitation, nous permet ce circuit qu’on aime recommander à nos hôtes.
Pour en savoir plus sur la valleuse de Bruneval
Sur place, à la Moussette comme à la Clozette, on peut lire le livret conçu et publié par la mairie de Saint-Jouin-Bruneval et le C.A.U.E. (conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement) : il est très documenté, instructif, et agréable à lire !
Et surveillez le programme des visites organisées par Pays d’Art et d’histoire Le Havre Seine Métropole : celle consacrée à Bruneval est passionnante, et c’est elle qui, avec le livret, nous a inspiré cet article.
